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le regard de ses yeux, pour lui si doux. Mais s’il avait mieux aimé sa maîtresse à cause de cette générosité, il avait ressenti davantage la rancune que les phrases de leur pénible querelle avaient soulevée en lui contre sa mère. Celle-ci cependant avait été secouée par cette brouille au point d’en avoir une recrudescence de sa maladie nerveuse, qu’elle voulut cacher à celui qui en était la cause. Il lui fut presque absolument interdit de bouger, ce qui ne l’empêchait pas, la nuit, et au prix d’atroces souffrances, de se traîner jusqu’à sa fenêtre. Elle ouvrait les carreaux, puis les volets, avec une précaution de criminelle, silencieusement, afin de voir, au moment de la rentrée d’Hubert, ses croisées à lui s’éclairer, et devant cette lumière qui filtrait par un mince filet, attestant la présence de ce fils à la fois si cher et si perdu, elle sentait sa colère se détendre et le désespoir l’envahir.

Ils se réconcilièrent, grâce à l’entremise de Mme Castel, qui souffrait entre ces deux hostilités un double martyre. Elle obtint de la mère la promesse qu’il ne serait plus jamais parlé de Mme de Sauve, et du fils, des excuses pour sa bouderie de tant de jours. Une nouvelle période commença, où Marie-Alice essaya de retenir Hubert à la maison en modifiant un peu son train de vie.