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HEURES DE REGRET



Le vent d’hiver cassait les branches noires
Dans le jardin plaintif et désolé
Où ce soir-là je m’en étais allé
Me souvenir de très vieilles histoires.

Seul, attendri par le ciel douloureux,
Je répétais tout bas, avec tristesse,
Les noms de ceux qu’a chéris ma jeunesse,
Et dont je sais que je suis mort pour eux.

Et je tremblais, et je pleurais, ma vie
S’en revenait tout entière à mon cœur.
Je n’étais plus ni méchant ni moqueur,
Et j’oubliais et la haine et l’envie.