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RECHERCHES SUR FONTAINEBLEAU.

savoir et d’une grande distinction, Dassy devint rapidement médecin des hospices et fut accueilli avec empressemont par le comte de Montmorin, gouverneur de Fontainebleau, et la haute société de l’époque.

Lors des nombreux et brillants séjours de la Cour à Fontainebleau, il suivait avec Le Monnier les excursions de Madame Élisabeth et de sa sœur dans la forêt qu’elles ne se lassaient pas de parcourir. Au cours de ces promenades qu’il dirigeait vers les endroits les plus riches en plantes rares, les Enfants de France apprenaient la botanique. « Les deux savants, dit la comtesse d’Armaillé, jouissaient de la satisfaction des Enfants royales, heureuses de trouver, loin des grandeurs de Versailles, la solitude et la liberté de la campagne. »

De cette époque date la respectueuse affectiun dont il donna des preuves, jusqu’au dernier jour de sa vie, à la si séduisante et malheureuse Madame Élisabeth.

Lorsque vint la révolution, il accepta avec empressement comme M. de Montmorin, comme le Roi lui-même, les idées libérales qui se faisaient jour, ne soupçonnant pas les excès qu’elles présageaient.

Dès janvier 1700, nous le voyons faire partie, en qualité de notable, du premier conseil municipal de Fontainebleau. Il s’occupa avec dévouement des affaires de la commune et remplit plusieurs missions de confiance au dehors. Ses lettres, dont plusieurs sont entre nos mains, témoignent du zèle qu’il y apporta.

Il fut notamment envoyé à Paris en septembre 1790, avec MM. de Montmorin, Lebaigue et Marchand de Choisy, ses collègues, pour réclamer le payement du subside — important pour l’époque — de 3,000 francs par mois, promis ou dû à la ville de Fontainebleau. Les commissaires étaient chargés en outre de présenter, à l’Assemblée nationale, les doléances de deux communes relativement aux dévastations de la forêt. « Nous nous occupons en même temps, écrivait-il le 20 septembre 1790, des autres objets relatifs au grand bien de Fontainebleau. Nous profiterons avec chaleur du léger ascendant que paraît nous donner la démarche que notre municipalité a fait faire par notre organe. » Enfin ils avaient encore pour mission de faire des tentatives, au nom des habitants, auprès du Roi, pour le maintien des équipages de chasse, qu’il était question de réformer. Avec quel empressement il rend compte de la réussite obtenue : « M. de Lafayette a fortement applaudi à la conduite de notre municipalité : le parti que nous avons pris entraîne le suffrage général. » Il s’identifie par sa nature aux principes de l’Assemblée nationale, qui hier a fait une députation au Roi pour le supplier de révoquer l’ordre de suppression des équipages de chasse. Le Roi a répondu au président :

« Quant à ma vénerie, c’est une affaire qui ne regarde que moi. Depuis longtemps je ne chasse pas et je sais me passer de cette jouissance : peut-être un jour, lorsque j’aurai le cœur content, je reprendrai mes plaisirs ordinaires. »

Mais les événements marchèrent avec une effroyable progression. Arrivent les massacres de septembre où le comte de Montmorin et son frère trouvent la mort.