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L’HÔTEL DE MADAME ÉLISABETH

considérables à son amélioration et à son entretien. Par ses soins, les bâtiments changèrent d’aspect, il créa le jardin d’hiver où il accumula les plantes les plus rares des tropiques ; il fit vallonner les jardins qui devinrent un parc anglais. C’est alors que disparut l’allée de tilleuls plantée à l’intention de Madame Élisabeth et que la grille sur la forêt fut remplacée par un saut de loup qui ouvre de plus larges horizons de verdure. On peut voir encore cette grille à l’entrée de la maison qui porte le no 55 sur la rue Saint-Honoré, en face le quartier de cavalerie.

C’est toujours M. Guérin qui, devenu acquéreur du piédestal en marbre rouge veiné de blanc, sur lequel s’élevait la « Croix de Toulouse » détruite à la Révolution, en fit faire deux socles sur lesquels sont placés dans le parc une statue et un vase. C’est le seul souvenir qui subsiste des quatre magnifiques colonnes ornant jadis la « Belle Cheminée » dans la salle de ce nom, au Palais de Fontainebleau.

Il ajouta aussi à la façade postérieure la vaste galerie qui fut, jusqu’en 1870, témoin de fêtes et de réceptions inoubliables.


Au décès de M. Guérin, en 1888, la propriété passa à Alexandre Guérin, son digne noveu, qui avait consacré sa vie aux œuvres de bienfaisance et aux fonctions municipales. Une mort presque subite l’a ravi, trois ans après, à l’affection de ses nombreux amis, et l’hôtel de Madame Elisabeth fut mis en vente[1].




Quelques mots maintenant sur les divers propriétaires.

Né en 1744, à Montléon, près Castelnau en Languedoc, Augustin Dassy Danglejean, docteur en médecine de la Faculté de Toulouse, était venu se fixer, à l’âge de 31 ans, à Fontainebleau. Il s’y lia avec le respectable Le Monnier, premier médecin des rois Louis XV et Louis XVI, médecin des Enfants de France, célèbre botaniste, auquel on doit les premières plantations de pins de Riga dans la forêt. Homme de

  1. Aucun acquéreur ne s’étant présenté pour acheter cette importante propriété dix habitants de Fontainebleau se sont réunis en syndicat et en sont devenus propriétaires en 1893.

    Leur idée, parfaitement raisonnable, était que si la dépense et l’entreprise étaient trop importantes pour un seul, il devenait possible à un syndicat de tirer bon parti de ce vaste terrain et de le morceler.

    Aussitôt les nouveaux propriétaires prirent une grande résolution, démolirent la maison de façon à ouvrir au milieu du parc une belle avenue qui reçut le nom de rue Carnot. Des maisons se construisirent promptement en bordure de cette voie nouvelle ; aussi, encouragés par l’expérience, les acquéreurs ont-ils peu après créé une autro voie, baptisée rue Casimir Périer (on voit que l’on est dans le quartier des présidents de la République). Cette rue, ouverto en biais, commence au carrefour de la Fourche pour aboutir à la rue Carnot et y former le carrefour Carnot. À cet endroit une troisième nouvelle voie, la rue Decamps, prend naissance et mène à la place de la Sous-Préfecture, où se trouve le buste du peintre de talent, notre ancien concitoyen.