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L’HÔTEL DES GALLERANS





Le 25 juillet 1785, Jean-Armand-Nicolas Collinet de Rougebourse, écuyer, conseiller du Roi, lieutenant général au bailliage et siège présidial de Meaux, y demeurant, vend à Anne-Urbain Galleran de Grandmaison et à Jean-Robert Galleran des Rosiers, son neveu, demeurant à Versailles, tous deux vaguemestres et entrepreneurs des transports et des charrois du Roi, un terrain de deux arpents, « tenant du midi an chemin de la rue de Fleury, d’autre à la grande route de la rue de France à Chailly, d’un bout du levant sur la veuve Jean Mignot, au lieu des Piliers, d’autre bout sur des terres sables incultes et le bornage de la forêt. »

M. Collinet avait acquis ce terrain, alors simplement enclos de treillages des héritiers de Pierre Hersant, qui en était propriétaire dès avant 1713.

À cette époque, cette partie de la rue de France, non encore incorporée au territoire de la ville, faisait partie de la route Royale. Les Gallerans, qui voulaient élever des constructions pour y abriter les services de la bouche du Roi (écuries pour 80 chevaux, remises pour 20 voitures), durent se pourvoir d’une autorisation de voirie. Elle leur fut donnée le 27 décembre 1785 par M. Rua, grand voyer de la Généralité de Paris, directeur des ponts et chaussées, pour un terrain « tenant la rue de France, la rue de Fleury, le bornage de la forêt et l’auberge de la Truie qui file[1] » (la maison Mignot, aux Piliers ci-dessus). L’alignement était donné à 20 pieds du milieu de la chaussée, dont la contre-allée était, pour partie, abandonnée aux Gallerans, à charge par eux de rembourser la valeur des arbres dont la construction nécessiterait l’abatage.

  1. Cette auberge à l’enseigne de la Truie qui file, véritables armes parlantes, parait en effet avoir eu pour clientèle spéciale les animaux de la race porcine qu’on expédiait par bandes sur Paris. Sous la Révolution, elle était tenue par le citoyen Bellangé. Le 3 mars 1791, le citoyen Dumé, charcutier à Fontainebleau, nommé par la municipalité commissaire pour examiner s’il ne se trouvait pas des truies prêtes à mettre bas, constata dans son procès-verbal que, dans le nombre de quatre cents pores — pas moins — réunis dans plusieurs écuries, il n’avait trouvé qu’une seule truie, ayant avec elle « quatre petits jeunes et bien portants » (rue de France, numéros 95 et 97 actuels).