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L’AUBERGE DE L’ÂNE VERT





Rue des Sablons, l’auberge de l’Âne-Vert, si modeste d’apparence, a eu sa célébrité.

Sans prétendre faire concurrenre au magnifique palais élevé par nos rois, cette auberge peut être considérée comme un « monument historique » de la ville.

Sa fondation remonte à la première moitié du XIIIe siècle. Elle n’était, au début, qu’une misérable chaumière formée de torchis et de bois en grume. Le pauvre diable qui l’habitait, avait dû, au début, il est probable, en être à la fois le maçon et l’architecte. Il avait nom Jacques Bedois ; il était bûcheron et façonnait des balais de bouleau qu’il portait au marché de Melun, déjà ville importante.

Jacques Bedois avait eu des descendants, car 250 ans après, un Bedois occupait la même habitation, mais cette fois agrandie, construite en pierres et d’un aspect dénotant la prospérité du nouveau propriétaire. Cette situation meilleure était due à la généreuse reconnaissance d’un gentilhomme, le sire de Coutay, auquel Bedois avait sauvé la vie en forêt.

Granier, acquéreur du dernier Bedois, appropria la maison pour en faire une hôtellerie qui, sous Louis XII, fut fréquentée par les savants, entre autros Commines, appelés à Fontainebleau par le roi pour faire choix, dans la bibliothèque du Palais, des ouvrages destinés à former celle du château de Blois.

À cette époque, le sol de la rue des Sablons était à un niveau plus bas que de nos jours, aussi — qui s’en douterait acluellement — on accédait aux pièces du rez-de-chaussée par un perron de quatre marches.

L’hôtellerie était ainsi décrite en 1515 ; baies de croisées étroites avec petits vitraux en losange encadrés de plomb, portes basses avec ferrures massives, cheminées larges et très hautes ; couchettes très larges à tenir quatre personnes, avec rideaux en serge de la hauteur du plafond ; — bahuts en bois épais, vaisselle de grès verni, escabeaux pour sièges.

Elle était alors la seule de la ville et n’avait encore reçu aucune dénomination. Un gros bouquet de houx, fixé à la façade, la désignait simplement aux passants.

C’est seulement en 1523 que l’hôtellerie reçoit la dénomination de : Auberge de l’Âne-Vert, qu’elle a conservée depuis, et due, paraît-il, au genre d’industrie exercé