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le crépuscule des dieux

Ce n’était pas la première fois que le chef de la maison des Guelfes allait se trouver en présence de l’Empereur. Lors de sa venue à Paris, en 1862, les Tuileries l’avaient reçu à merveille, et, depuis ce temps, les deux souverains avaient toujours entretenu les plus amicales relations. Le Duc monta un escalier, escorté du chambellan de service, traversa une assez mesquine antichambre, et alors, au seuil d’une pièce, il aperçut Napoléon, qui s’avança de quelques pas à sa rencontre.

— Ah ! Sire ! s’écria le Duc, dans quelles terribles circonstances…

Mais l’Empereur, lui prenant le bras et mettant un doigt sur ses lèvres, le fit entrer dans son cabinet, dont la porte se referma, et leur entrevue n’eut pas de témoins. Pourtant, quand le Duc revint à l’hôtel, il semblait plus calme et résigné, et nul doute, qu’après quelques jours, il eût surmonté son chagrin, quand un nouveau désastre vint l’accabler. Le pauvre prince s’aperçut que ses cheveux tombaient en abondance, et Arcangeli ne put lui cacher plus longtemps l’effrayante vérité. Les journées qui suivirent, furent lugubres. Les volets demeuraient fermés ; deux bougies éclairaient à peine la vaste chambre, où le silence régnait profondément ; et le Duc, tout blanc comme un fantôme, dans ses grands peignoirs garnis de dentelles, coulait le temps sur sa chaise percée, se forgeait un funèbre avenir, et restait des heures