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le crépuscule des dieux

les menaçait toutes deux, elle courut bouleversée, pleurante, jusqu’à l’appartement du duc Charles.

— Ah ! mon papa, mon papa, laissez-moi Emilia, si vous m’aimez.

— Appelez-moi toujours : monseigneur mon papa, reprit le Duc un peu interdit, et que toute surprise rembrunissait.

Il fut bon homme pourtant, et descendit de l’arc-en-ciel d’où il regardait toutes choses, pour chercher les moyens de contenter Claribel. Mais attribuer le titre de gouvernante à Emilia Catana, il semblait que l’on n’y pût songer. Quelle incongruité qu’un nom pareil dans l’annuaire de la cour, et comment s’y soutiendrait-il parmi la foule des gens titrés ! Le Duc s’ouvrit à Arcangeli, qui se montra le plus généreux des frères. — Oh ! il ne fallait pas juger Emilia d’après lui-même. Elle était la fille d’un monsignor, élevée dans l’un des couvents de la noblesse romaine. À la mort de son protecteur, la pauvreté l’avait réduite à de singulières extrémités, d’abord à Wiesbaden, lectrice de la princesse Kolorath, puis camériste de la garde-robe chez le Duc.

— Une bonne sœur, Monseigneur ! c’est elle qui m’a appelé à Blankenbourg, espérant me faire entrer plus tard, au service de Votre Altesse…

Et tant d’éloges calculés qu’ils éloignèrent pour quelque temps, le choix d’une autre gouvernante, et donnèrent le désir au duc Charles de juger lui-