Page:Bourges - Le Crépuscule des dieux, 1901.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
le crépuscule des dieux

M. de Bismarck se trouvait ainsi d’aventure, sur les épaules d’une baladine, et Son Altesse se pâmait de joie à ces interversions ridicules.

Cependant, trompé par Arcangeli qui le berçait impudemment des triomphes de l’armée autrichienne, Charles d’Este ne doutait point de son retour prochain à Blankenbourg. Éloigné de Paris depuis fort longtemps, il n’en voulait pourtant rien voir, cette fois, disant qu’il ne mettrait le pied hors de son hôtel, que pour monter en chaise de poste. Lettres, journaux, paquets, même les dépêches du comte d’Œls, le Duc laissait tout s’accumuler, jusqu’à ce qu’un jour, il eût le caprice d’attaquer enfin cette montagne.

Alors la vérité lui apparut à plein. L’entrée des Prussiens à Blankenbourg, dès le lendemain de sa fuite, y avait été le signal d’un déchaînement universel. Ses caprices, sa tyrannie, ses refus de signer les lois votées par le Landtag, les troupes mal payées, le commerce dépérissant, les finances taries à force d’exactions, tout le duché en deuil et en souffrance, s’élevaient contre lui, l’accusaient. Les uns il les avait bannis ; emprisonné, ou dépouillé ceux-là de qui le nez ne lui plaisait point, si hors de sens, si frénétique par accès, que son Landtag avait jadis pensé à nommer une commission secrète de lunatico inquirendo.

Les mauvaises nouvelles se succédèrent. Les Prussiens découvrirent où étaient cachés les meu-