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le crépuscule des dieux

Duc qui fut aux larmes, sitôt qu’il eut toisé l’animal. Grand, alerte et découplé de corps, il semblait l’être aussi d’esprit ; impudent, le nez haut, les dents blanches, l’air d’un comédien de campagne, des bijoux de laiton partout, et les mains sales.

— Ah ça ! pendard, lui dit Son Altesse en français, tu as donc juré de me faire mourir à force de rire !

Moi ! soublimé grand monarque, et il jetait les bras au ciel, le malhouroux Arcangeli qui voudrait consacrer sa vie dans le servicé de Votre illoustre Mazesté !

— Vraiment ! fit le Duc en riant, et si je te prenais au mot ?

Viva monsignor le Douc ! cria l’Italien éperdu, viva le Douc ! et se jetant à deux genoux comme hors de sens, il saisit frénétiquement le pied de Son Altesse, au bord de la portière ouverte, et lui baisait ses escarpins, garnis de bouffettes de diamants.

— Allons ! reprit le Duc qui se pâma de nouveau, tu suivras Hildemar ou Joseph qui te donnera ma livrée, et je me souviendrai de toi à l’occasion ; puis se levant tout debout :

— D’Œls, commanda-t-il, votre bras.

Il monta lentement l’escalier, suivi de son lévrier César qui lui marchait aux talons, et derrière, à trois pas d’intervalle, venait le reste de la