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le crépuscule des dieux

ments, mille cris de Vive le Duc ! partirent avec des hurrahs prolongés, et les tambours battaient aux champs, sans s’interrompre. Des fusées pétillèrent, embrasèrent le ciel, s’entrecroisant de toutes parts, merveilleuses, continuelles, versant des pluies d’étoiles et d’or ; deux dragons en pyrotechnie, à droite et à gauche de l’entrée, se tordirent en vomissant des roses ; puis soudainement, tout blêmit dans une immense clarté verte, qui provenait de flammes de Bengale.

Elles entouraient un rocher, haut de près de cinquante pieds, décor dressé pour la circonstance. Chargé de rocs, de colonnes, de statues, et de tous les colifichets qu’avait pu y accumuler le goût théâtral de Son Altesse, il était, jusqu’en haut, couvert de plants de vignes, dont les grappes de verre bleu, blanc, rosat, ou couleur de topaze, contenaient chacune sa flamme de gaz. Elles s’allumèrent d’un coup, par une étincelle électrique, et en même temps, un ruisseau de vin sourdit, s’accrut, roula des hauteurs, en mince filet écumeux.

C’était une ancienne coutume, quoique tombée en désuétude depuis plus de quarante ans, que le Duc avait rétablie pour soulever les acclamations, et tâcher de se ramener quelque semblant de popularité. La foule, en effet, sur cela, commença de faire des cris ; une poussée rompit la ligne des soldats, et tout ce qui se pressait dans les allées, de