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le crépuscule des dieux

porta dans le parc un concours de monde prodigieux. Les avenues resplendissaient de guirlandes de lampions, d’arbre en arbre, à perte de vue. De quadruples cordons de lanternes colorées dessinaient les damiers du parterre, où çà et là, des arcs de triomphe en architectures de feux, arrêtaient la foule par pelotons. Elle était plus épaisse encore autour de la Naumachie, du Grand-Bassin et de la Colonnade. Une quantité surprenante de pots de résine et de cassolettes en éclairaient comme au brillant du jour, les effets d’eau de toutes sortes, en bouillons, en gerbes, en nappes, en cascades, et les centaines de jets d’eau dardés jusqu’à la cime des arbres.

Mais où la foule s’entassait, principalement de campagnards à gilet rouge et à tricorne, si serrée qu’exactement parlant, l’on n’y pouvait remuer bras ni jambes, c’était près des abords du château. La façade s’en déployait, dominant sur le parc tout entier, du sommet du plateau qu’elle occupe, qui la montrait jusque fort loin, avec son dôme au haut des airs, surmonté du Cheval-Passant de Blankenbourg, sa masse toute flamboyante, et le redoublement de lampions de couleur qui marquaient l’entrée principale. De longues files de carrosses arrivant à chaque instant, et dont les plus dorés tiraient de la canaille des tumultes d’admiration, venaient se ranger au perron, que flanquaient deux Chimères de pierre. Les invités y descendaient, passaient une