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commun aux hommes des différentes Nations et des différentes races ; faire apparaître en lumière, au-dessus de tous, le phénomène universel de la solidarité des Nations et des hommes, ce sera là la leçon la meilleure, la plus efficace et la plus persuasive qu’il est possible d’imaginer.

Cette leçon des faits sera certainement la plus efficace. Il n’est cependant pas inutile d’y ajouter un autre enseignement. Il faut qu’une propagande s’organise dans tous les pays civilisés pour faire comprendre à l’opinion universelle le but véritable de la Société des Nations, les limites de ses pouvoirs, son respect sincère des droits de la souveraineté des États, c’est-à-dire des Patries elles-mêmes, en même temps que la grande puissance morale que la certitude de ses principes lui assure dans le monde.

Il s’est heureusement créé dans presque tous les États de grandes associations qui répandent largement ces enseignements et les feront pénétrer, au-delà des partis politiques, jusqu’aux couches profondes du sentiment populaire.

Une des dernières créations de la Société des Nations porte, d’ailleurs, ce nom significatif : la coopération intellectuelle. Un Comité composé des savants les plus éminents, des intelligences les plus vastes et les plus hautes a été constitué à une de nos dernières sessions. Son nom est plein de promesses.

Qu’est-ce que la coopération intellectuelle, sinon la mise en commun de toutes les forces de l’intelligence, comme sont mis en commun les intérêts matériels et politiques, associés dans un mutuel et équitable échange. À des organismes vivants, il faut un moteur, il faut une âme. De toutes les âmes diverses qui sont celles des Nations et des races, est-il impossible de faire naître une âme commune, une science commune de la vie commune, associant sans les confondre, dans un même élan vers la justice, les tendances, les aspirations de chaque Patrie ?

Monter par tous les chemins, qui partent de tous les points du monde, vers un unique sommet d’où se découvre la loi même de l’homme en suit rythme souverain, n’est-ce pas là le terme dernier du douloureux calvaire qu’a dû, pendant tant de siècles, gravir l’Humanité ?

Certes, il faudra encore bien des années d’épreuves, bien des retours en arrière avant que les passions humaines qui grondent chez tous les hommes soient prêtes à désarmer ; mais si la route est clairement tracée vers le but, si une organisation semblable à celle que représente actuellement la Société des Nations se complète et s’achève,