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perfectionnement des espèces et des races, ce n’est pas là le merveilleux, et la science, avant lui, l’a établi avec une rigueur à peu près définitive. L’extraordinaire, c’est la certitude victorieuse avec laquelle il proclame sa foi. Mais j’ai tort : Tolstoï ne proclame pas, il constate. Il constate l’évidence, non pas celle qu’il considère comme telle, mais l’évidence absolue, l’irrésistible évidence qui doit, selon lui, apparaître à tous les hommes, sous réserve de leur intelligence, de leur sincérité, de leur bonne volonté.

Il a, une fois pour toutes, admis comme irrécusables quelques principes, desquels il tire les conséquences rigoureuses, jusqu’à la plus lointaine. Et ainsi il fonde un système dont toutes les parties s’enchaînent nécessairement, et qui est bien, en effet, la Vérité totale, à la condition que les prémices soient la Vérité essentielle. Et il méprise la vie des corps pour exalter la vie des âmes, il enseigne la privation et l’abstinence comme la fin suprême, il appelle civilisation ce que le monde regarderait comme une condition voisine de l’état de nature, il condamne les