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machine qui mécaniquement arrache le charbon de la mine…

Mais Tolstoï m’interrompt, et, vivement :

— Le travail est bon et sain. C’est une chose excellente, et agréable, et amusante, que le travail. Quoi de meilleur au monde que le travail ?

— Le travail, oui, non l’abrutissement. La vie du mineur, par exemple, est un servage affreux.

— Oui, oui, c’est vrai. Mais il n’y a de durs travaux que parce qu’il y a des besoins violents. Restreignez vos besoins, vous épargnerez des fatigues sans nombre à une multitude de vos semblables. De quelle utilité essentielle me sont ce samovar, ce plateau, cette nappe, l’arrangement de cette salle, et tout ce confort où je vis ici ? Ne saurais-je continuer d’être, si j’en étais privé ? C’est pourtant afin de me conférer ce bien-être que des hommes, des générations d’hommes, ont pâti, peiné, souffert ! Pourquoi ? Parce que je suis un « homme civilisé » !… Non, ce n’est pas le travail qu’il convient d’abolir, ce sont les appétits qu’il faut dompter. Et