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les Européens, qui se sont créé, contre les volontés naturelles, des besoins artificiels, occupent leur génie à les satisfaire ? parce qu’ils ont, inventé les chemins de fer, le télégraphe, le téléphone, que sais-je encore ?… Mais toutes ces acquisitions de la prétendue civilisation m’apparaissent comme des inventions de barbarie. Elles servent et flattent les plus bas instincts de l’homme. Bien loin qu’elles lui confèrent quelque supériorité morale, je vois, au contraire, que l’emploi qu’il donne à son intelligence est le plus souvent en vue du mal, non du bien.

— Voyez pourtant : il ne crée pas seulement des outils de guerre ou des instruments de jouissance matérielle. Il crée aussi des machines…

— Oh ! oh ! les machines !…

— Les machines diminuent sa fatigue, restreignent son effort physique. N’est-ce rien qu’il puisse consacrer à la culture de son intelligence, à son développement moral, à la connaissance de son être, un peu du temps gagné sur le labeur manuel ? Supposez qu’un inventeur trouve un jour une