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d’empêcher ce que la Sagesse de l’univers a ordonné sans lui ; il se détourne des pensées sombres ; il attend pour agir que le timbre ait retenti à une horloge qu’il n’a pas réglée, et il se repose du soin de sa vie sur la magie des icônes saintes. Il fut nécessaire que le Japon vînt défoncer les portes de l’Empire, pour que l’Empire aperçût enfin le formidable bélier qu’on lançait contre lui par-dessus la mer. Il avait besoin d’une armée ; il fit jaillir du sol des légions d’images sacrées.

Et, puisque l’on était contraint de se battre, on songea à s’organiser. Pour chef, on donna à l’armée de Mandchourie le propre ministre de la guerre, le général Kouropatkine, capitaine sérieux, réfléchi, méthodique et hardi à la fois ; à la tête de la flotte, on plaça, après la disgrâce de l’incapable Starck, l’amiral Makarov, chef brillant et audacieux, tacticien expérimenté, qui devait si malheureusement être emporté avec son Pétropavlosk. Tous deux étaient intrépides et réputés ; ils avaient la confiance de la Russie et ils partirent chargés de l’espérance populaire sur un pavois d’icônes bénites. Mais on commit