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infiniment bienveillant, mais la curiosité d’un cerveau en constant travail, et qui professe que la vérité se plaît parfois à s’exprimer par les bouches les plus humbles.

Mais comment recueillir intégralement tant de propos rapides ou profonds, et incessamment variés ? Je ne l’essaierai point. Je raconterai seulement, selon l’ordre des heures, sans souci d’arbitraires divisions, la lumineuse journée où cet homme extraordinaire voulut bien m’admettre dans la familiarité de sa vie, et, puisque les choses d’Extrême-Orient devaient être le sujet principal de nos entretiens, je dirai d’abord, pour l’intelligence du récit, à quel moment de sa dure guerre la Russie en était alors.

Le 1er/14 mars 1904, j’ai quitté Moscou pour aller à Iasnaïa Poliana. Depuis cinq semaines, le canon tonnait à Port-Arthur. La stupeur du rappel de l’ambassadeur japonais,