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parce qu’ils n’emploient tous ces avantages qu’à la satisfaction de leurs amusements, à la débauche, à la destruction mutuelles.

Que faut-il donc faire ? Rejeter tous les progrès de la science, toute la puissance acquise par l’humanité ? Oublier tout ce qu’on a appris ? C’est impossible. Quelque mauvais emploi qu’on fasse de ces acquisitions de l’intelligence, ce sont cependant des acquisitions et les hommes ne les peuvent oublier. Changer les unions des peuples qui se sont formées par les siècles et en établir de nouvelles ; inventer telle institution nouvelle qui empêche la minorité de tromper et d’exploiter la majorité ? Répandre la science ? Tout cela a été essayé et fait avec un grand zèle. Tous ces soi-disant moyens d’amélioration sont la cause principale de l’oubli de soi-même, de la diversion de soi, de la conscience, de la perte inévitable.

Les frontières des États changent, les institutions changent, les sciences se répandent, mais les hommes, sur d’autres frontières, avec d’autres constitutions, avec une science accrue, restent les mêmes brutes prêtes à chaque moment à s’entre-déchirer, ou les mêmes esclaves