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tenant l’humanité chrétienne de notre temps. Il est donc tout à fait évident que si nous continuons de vivre comme maintenant, les individus et les États se guidant par le bien de soi-même et de la patrie, si, comme maintenant, nous tâchons de garantir ces biens par la violence, alors les moyens de violence d’un individu contre l’autre, d’un État contre un autre, augmenteront : 1o Nous nous ruinerons de plus en plus en employant pour l’armement la plus grande partie de notre production, et, 2o En tuant dans les guerres les meilleurs hommes, au point de vue physique, nous dégénérerons de plus en plus, et nous nous abaisserons moralement. Si nous ne changeons pas notre vie, cela arrivera, c’est malheureusement sûr, aussi sûr que des lignes non parallèles doivent se rencontrer. Mais c’est peu que ce soit théoriquement sûr ; de notre temps, cela devient sûr, non par la raison seule, mais par le sentiment. L’abîme sur lequel nous marchons nous est déjà nuisible, et les hommes les plus simples, ignorants, qui ne philosophent pas, ne peuvent pas ne pas voir qu’en s’armant de plus en plus les uns contre les autres, en se