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… Pourquoi le nègre se vend-il ? ou pourquoi se laisse-t-il vendre ? Je l’ai acheté, il m’appartient ; quel tort lui fais-je ? Il travaille comme un cheval, je le nourris mal, je l’habille de même, il est battu quand il désobéit ; y a-t-il là de quoi tant s’étonner ? Traitons-nous mieux nos soldats ? N’ont-ils pas perdu absolument leur liberté comme ce nègre ? La seule différence entre le nègre et le guerrier, c’est que le guerrier coûte bien moins. Un beau nègre revient à présent à cinq cents écus au moins, et un beau soldat en coûte à peine cinquante. Ni l’un ni l’autre ne peut quitter le lieu où il est confiné ; l’un et l’autre sont battus pour la moindre faute. Le salaire est à peu près le même ; et le nègre a sur le soldat l’avantage de ne point risquer sa vie, et de la passer avec sa négresse et ses négrillons. (Questions sur l’Encyclopédie, par des amateurs, t. IV, 1775. Extrait de l’article sur « l’Esclavage », p. 192-193.)


On dirait que n’existèrent jamais ni Voltaire, ni Montaigne, ni Pascal, ni Swift, ni Spinoza, ni tant d’autres écrivains qui dénoncèrent avec une très grande force l’insanité, l’inutilité de la guerre, et dépeignirent sa cruauté, son immoralité, sa sauvagerie, et, principalement, que n’existèrent jamais Christ et son enseignement