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à leur ruine. Sachez qu’au bout de dix ans, il ne reste jamais la centième partie de ces misérables ; sachez que, quand même ils n’auraient pas tiré l’épée, la faim, la fatigue ou l’intempérance les emportent presque tous. D’ailleurs, ce n’est pas eux qu’il faut punir, ce sont ces barbares sédentaires qui, du fond de leur cabinet, ordonnent, dans le temps de leur digestion, le massacre d’un million d’hommes, et qui en font remercier Dieu solennellement. » (Voltaire, Micromégas, 1750, ch. vii.)


La déraison des guerres modernes se nomme intérêt dynastique, nationalité, équilibre européen, honneur. Ce dernier motif est peut-être de tous le plus extravagant, car il n’est pas un peuple au monde qui ne soit souillé de tous les crimes et couvert de toutes les hontes. Il n’en est pas un qui n’ait subi toutes les humiliations que la fortune puisse infliger à une misérable troupe d’hommes. Si toutefois il subsiste encore un honneur dans les peuples, c’est un étrange moyen de le soutenir que de faire la guerre, c’est-à-dire de commettre tous les crimes par lesquels un particulier se déshonore ; incendie, rapines, viol, meurtre… (Anatole France, L’Orme du Mail, p. 282-284.)


Le sauvage instinct du meurtre guerrier a de