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jamais en revivre de semblables ; et c’est tout cela que voudrait exprimer mon silence…

Tolstoï fait un dernier signe d’adieu, et, de son pas mesuré et grave, il gagne son appartement.

Le lendemain matin, j’ai quitté Iasnaïa Poliana.

Départ sans joie. Un traîneau m’attend au seuil de la maison. Il est huit heures, le jour est levé depuis assez longtemps déjà, mais la nuit ne se laisse refouler qu’à regret. Le ciel est de plomb, opaque et lourd, et l’on dirait qu’au lieu de distribuer la lumière, c’est lui qui la reçoit, grisâtre et morne, du sol drapé de neige.

Il fait doux et triste. L’horizon est tout proche de nous ; c’est une barrière sombre où il semble que mon cheval, à toute minute, va heurter son naseau qui projette des vapeurs.

Le paysage qui nous entoure est une