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au gouffre de ses budgets militaires appauvrissent d’autant sa vie économique, et, n’ayant plus l’emploi d’armées et de flottes coûteuses, ne sera-t-elle pas conduite alors à réduire ses armements d’un commun accord ? Que pensez-vous de cette hypothèse ?

— Ce n’est pas de tels événements que nous pouvons attendre la fin des guerres. Qu’ils se réalisent, la guerre ne sera pas abolie pour cela. Elle prendra une autre forme, voilà tout. Et que vaudrait une paix qui n’aurait pas été consentie par la volonté réfléchie de consciences chrétiennes, mais imposée par des nécessités matérielles d’ailleurs peu estimables ? Elle apparaîtrait aussi fragile, aussi précaire que ce qu’on appelle aujourd’hui, d’un mot absurde, la paix armée. D’ailleurs, je ne pense pas que votre hypothèse se vérifie.

— Cependant, si l’Europe se voit affamée, si elle a à choisir entre vivre et mourir ?

— Eh bien, si elle se sent acculée à une nécessité sérieuse, elle restreindra ses besoins, elle vivra de ses propres ressources, de manière à se passer de la fourniture amé-