pour le comprendre, car sa vie fut un mirage perpétuel, et nous la voyons si bien confondue dans les événements, qu’il est difficile de faire à l’homme sa part exacte : c’est dans le Mémorial de Sainte-Hélène, où il a prétendu verser tout le suc de sa pensée. « Avez-vous idée » du Mémorial ? J’ai lu cela : c’est d’une misère déconcertante, un amas de lieux communs, de sottises, d’erreurs grossières, qui en disent plus sur le vrai Napoléon que toute l’histoire probablement frelatée de ses batailles…
« Ah ! Mirbeau pense à écrire un Napoléon ? Je suis enchanté que nous nous accordions là-dessus encore… C’est une excellente idée qu’il a. Qu’il y persévère. Mais dites-lui de ma part qu’il ne craigne pas de heurter les idées reçues, qu’il sache échapper à toute influence, qu’il dégage nettement sa pensée et l’expose dans sa vérité nue, qu’il pousse hardiment son personnage, et qu’il aille sans fléchir jusqu’au bout de son sujet. Pour une telle œuvre, il faudra beaucoup de courage et beaucoup de talent. Il a l’un et l’autre à un degré rare. Il est capable de la réussir,