Shakspeare, c’est une de ces opinions toutes faites, que personne ne s’avise de vérifier, que les générations recueillent sans contrôle, et que chacun propage au petit bonheur. Mettez vos lunettes, regardez les choses de près, vous vous trouvez en présence d’une conjuration de sottise. La vérité est qu’il n’y a rien dans Shakspeare, rien…
— Oh ! maître !
— Non, non, rien. Ses drames sont de la mauvaise histoire. Ils sont vulgaires, sans idées générales ; ses caractères sont imprécis ; et de toute son œuvre il se dégage un mortel ennui. Mais voilà, on ne songe pas à cela, et ceux qui pourraient le dire ne l’osent pas. Et d’abord qui connaît vraiment Shakspeare aujourd’hui ? Qui s’est donné la peine de l’étudier sérieusement ? Qui même le lit encore ?…
J’essaie une protestation ; mais Tolstoï a un absolu en littérature comme en morale ; ici non plus, il ne juge pas, il constate ; il constate « l’évidence » de la sottise de Shakspeare, « l’évidence » qu’on ne le lit plus, « l’évidence » que personne ne connaît