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consigner ici tout ce que j’ai entendu ? J’y tâcherai du moins avec un grand zèle de sincérité et d’exactitude. J’ose croire que mon glorieux hôte reconnaîtra du moins dans ce récit, à défaut d’autres mérites, cet effort passionné de vérité.

Tolstoï, qui est dans son cabinet de travail, arrive un peu en retard. Mais on ne l’a pas attendu, et nous avons commencé de dîner. La comtesse occupe seule le bout de la table : à sa droite, son mari, puis moi ; à sa gauche, sa petite-fille, puis la comtesse André, puis Mlle Alexandrine. Le docteur, qui est allé dans la journée à Toula, n’est pas encore de retour.

Après sa collation de quatre heures, le comte est sorti. Il a fait seul, et à pied, une grande partie du chemin que nous avons parcouru en traîneau, six ou sept kilomètres environ. Il nous dit :

— Vous êtes allés ici et là ; j’ai suivi vos traces sur la neige.

Revenu à la maison, il s’est étendu et il a dormi. Il ne mange ni poissons ni viande, rien de ce qui fut vivant, mais on en