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fait la comtesse, hormis un point. Autrefois, nous ne passions ici que l’été, dans les fleurs et la verdure, et nous habitions l’hiver à Moscou, où nous avons une maison. Maintenant, sur l’ordre des médecins, qui craignent pour mon mari l’air vicié des villes, nous vivons toute l’année à Iasnaïa Poliana.

— La vie doit vous y paraître assez monotone ?

— Mais non. D’abord, nous avons toujours avec nous quelqu’un de nos enfants. Pensez un peu à ce que notre famille représente de têtes : treize enfants, la plupart mariés, et des petits-enfants, c’est tout un bataillon. L’année dernière, pour les soixante-quinze ans de mon mari, j’avais projeté de les réunir tous ici, les fils, les filles, les enfants, toute la tribu. Ce n’était pas commode, car ils sont très dispersés. Enfin, j’y étais arrivée. Savez-vous combien nous étions à table ?… Vingt-sept !… Et puis, je me crée des occupations : je ne supporte pas de rester inactive. Ainsi, j’ai traduit un livre de mon mari, que vous connaissez sans doute, la Vie. Je m’amuse aussi à écrire un