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DE MONTAIGNE

nir du bien qu’il a fait est en quelque sorte empoisonné par le chagrin qu’il a de n’en plus faire. L’homme de génie, au contraire, se survivant à lui-même et agissant toujours par ses écrits, pressent son immortalité, et jouit d’avance, dans ses derniers momens, de tout le bien qu’il doit faire dans l’avenir. Montaigne voit arriver d’un œil serein l’instant où il va rendre à la nature la forme passagère qu’il en a reçu ; à l’Être suprême, cet esprit dont il n’a jamais abusé, et