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qu’il anticipe sur la nature,l’homme doit rester dans les voies mêmes de la nature, que l’expérience lui indique. Il faut qu’il se mette à son école comme un disciple, impatient parfois de devancer les lenteurs du maître, mais soumis néanmoins, toujours attentif et ne connaissant d’autre autorité que sa parole. «L’homme, suivant un mot célèbre du même Bacon, ne peut commander à la nature qu’en lui obéissant.»

Il est évident maintenant que la science ainsi comprise a pour domaine toute réalité qui tombe sous les prises de l’expérience, et qui se manifeste par des faits ou des lois. Et tout d’abord son domaine naturel et en quelque sorte privilégié est la réalité physique, la nature inorganique. Là en effet le jeu mécanique des lois se laisse saisir pour ainsi dire à nu dans une matière inerte et sans spontanéité. La liaison des phénomènes, depuis les révolutions des astres étudiées par l’astronomie jusqu’aux modifications moléculaires de la matière qui sont l’objet de la chimie, apparaissent assez facilement avec leur caractère de nécessité: aussi est-ce dans cet ordre de recherches que la science est le plus tôt arrivée à se constituer sous sa forme positive. Toutefois ce serait une erreur de croire qu’il n’y a pas une connaissance positive de la