leurs propriétés et leurs phénomènes par des raisonnements corrects, par de syllogismes subtils fondés sur les définitions de ces essences supposées. Or les faits ne se construisent pas: ils sont ou ne sont pas, et s’ils sont on les constate, et ils ne sont que dans la mesure où on peut les constater. L’expérience, d’ailleurs, ne nous donne pas seulement les faits: c’est elle qui nous montre entre les faits les liaisons que la science se propose de dégager et de recueillir. La science, en définitive, n’est qu’une expérience réfléchie, comparée avec l’ expérience et contrôlée par l'expérience. Elle doit se borner à éliminer, par un ensemble de procédés rationnels et rigoureux, en multipliant et en variant à l’infini ses observations, ce qu’il y a dans les faits d’accidentel et de particulier pour n’en conserver que ce qu’ils présentent de constant et de général. Sans doute rien n’empêche le savant d’anticiper parfois sur l’expérience par quelques hypothèses sur la cause du fait qu’il veut expliquer: cela même est nécessaire, car la nature est lente à nous révéler son secret et l’esprit est impatient de le connaître. Il peut alors chercher, soit en observant le phénomène, soit en intervenant lui-même dans sa marche, la vérification expérimentale de son hypothèse. Mais, alors même
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