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simples : ils agissent comme l’homme lui-même, ils vivent au milieu des hommes, et de fait ils ne sont que des hommes d’une puissance supérieure. Mais comment se représenter ces forces impersonnelles? Comment se représenter aussi leur action dans les corps? En réalité, bien loin d’expliquer les choses, c’est-à-dire de les simplifier, cette interprétation ne faisait que les compliquer en doublant le monde des corps visibles d’un monde d’êtres mystérieux, sortes de lutins subtils et follets, impossibles à saisir dans le vague de leur essence, impossibles à suivre dans le jeu ondoyant de leurs caprices. Dès lors comment les maîtriser, s’il est impossible de les connaître? Comment gouverner leur action si nous ne pouvons savoir commet elle s’exerce? Comment contraindre à nous servir et plier à nos volontés ces fantômes qui se dérobent à la prise de nos sens? Tel est en somme le grave et double défaut de cette conception de la nature. En imaginant pour chaque corps, pour chaque être, pour chaque phénomène un cause spécifique, distincte, indépendante, absolue, elle multipliait à l’infini les principes d’explication et ne donnait au besoin de comprendre qu’une satisfaction illusoire puisque, chacun de ces principes étant inintelligible en