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de ces forces occultes, pour les plier à notre usage, sinon en supprimant les mauvaises, ce qui apparaissait déjà comme impossible, du moins en les modifiant, en les transformant en d’autres, salutaires et bienfaisantes. Tel est au fond le problème de l’alchimie. La recherche de la pierre philosophale qui devait fournir le moyen de transmuter tous les métaux et de les convertir en or est bien le problème essentiel, caractéristique et symbolique de cette époque scientifique où l’homme, détrompé de l’erreur qui lui avait montré tout d’abord dans les forces naturelles des puissances divines et souveraines, cherche à se les rendre esclaves, à en faire les dociles instruments de ses besoins et de ses volontés. Ce changement dans l’attitude de l’homme à l’égard de la nature, qui est le trait vraiment typique de la science du moyen âge, est aussi ce par quoi elle annonce et prépare la science moderne. Cet asservissement de la nature à l’homme que la science de nos jours réalise de plus en plus et qui est en quelque sorte son programme, c’est le moyen âge, c’est l’alchimie qui en ont pour la première fois proclamé la devise; et lorsque Bacon écrivait sa célèbre formule «savoir pour pouvoir», il ne faisait que résumer avec une rare clairvoyance et