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générale, un perfectionnement du fétichisme primitif, le résultat d’une vision plus rationnelle et mieux coordonnée de la nature. Le monothéisme constitue un dernier progrès; c’est pour avoir plus exactement aperçu et reconnu la régularité des événements, l’unité profonde qui se cache sous la merveilleuse variété des choses, que l’homme en est venu à attribuer à une volonté unique l’ordre universel et l’ensemble des phénomènes. Cette conception de l’univers a-t-elle complètement disparu? Ne la retrouvons-nous pas chez certaines tribus sauvages qui adorent les arbres, les pierres, les animaux? Les religions monothéistes des peuples civilisés sont-elle autre chose que l’écho persistant de ces primitives interprétations de la nature? Ne voyons-nous pas aussi que l’enfant est naturellement fétichiste? Comme l’homme des anciens temps il prête n vouloir capricieux aux objets dont il a à se louer, et surtout à se plaindre; il frappe avec colère la chaise, le meuble contre lequel il s’est heurté; il brise, pour le punir, le jouet qui l’a mécontenté. Et nous-mêmes, ne sommes-nous pas fétichistes lorsque nous nous irritons contre les choses qui ne vont pas au gré de nos désirs, comme si la colère nous ramenait un moment à l’état de nature : un homme en