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en dessins d’insectes tracés à l’encre rouge sur un papier jaune préparé spécialement pour cet usage.


Moutang. — Voyons à présent la catégorie féminine de cette importante corporation de devins ou chamanes.

Le nom de « moutang » s’applique aux sorcières, ainsi qu’à une classe de sorciers, les Pak-Sou-Mou, qui sont des hommes habillés en femmes, et que tout le monde considère comme femmes, du moins dans l’exercice de leur métier.

« Moutang » veut dire sorcière, possédée par le démon ; celui-ci est supposé se saisir de la femme et lui imposer ses volontés. Celles qui entrent dans cette voie doivent rompre toute relation de famille et ne subir d’autre autorité que celle du démon qui les domine. Contrairement aux panesou, qui en sont les maîtres, puisqu’ils réussissent à les chasser, à les vaincre, au moyen de formules magiques, les moutang n’ordonnent rien aux esprits, mais elles se les rendent propices par des prières et des offrandes. Elles sont aussi très nombreuses et sont appelées partout, chez la plus humble des servantes comme à la cour, pour la reine et les dames d’honneur. Elles exercent donc les pacifications et les propitiations de démons qui se divisent en propitiations occasionnelles et propitiations périodiques ou fêtes des démons. L’une de ces fêtes est publique et a lieu tous les trois ans. Quand le moment est venu, les habitants de chaque village forment un Comité d’organisation, qui dure trois ou quatre jours. Les frais sont couverts par les villageois eux-mêmes. Un sorcier choisit le jour qui doit ouvrir la réunion, et il est nécessaire qu’il prenne des bains fréquents et ne mange pas de viande au moins pendant une semaine avant l’époque fixée pour le choix du jour.

La moutang prépare ses offrandes. C’est, en un mot, la fête du démon ou esprit de la localité que l’on veut rendre propice au village. Au jour convenu, une baraque décorée d’étoffes voyantes est dressée près de l’autel du lieu, et au bruit assourdissant des cris et du tam-tam, les moutangs