Page:Bourdaret - Religion et Superstition en Corée.djvu/7

Cette page a été validée par deux contributeurs.

fier l’exactitude de la nature et du nom du démon, ainsi que la cause de la maladie. Les questions sont posées rapidement par le sorcier. Le démon répond par une oscillation de la baguette, ou il ne répond pas. Quand il juge le moment venu, le « panesou » ordonne au démon de disparaître, et, si ce dernier ne répond pas à l’injonction, le sorcier s’apprête à le déloger de force. Il prend alors une baguette spéciale, en bois de pêcher, qui a le pouvoir de chasser les démons, et qu’il fait tenir verticalement sur une petite table par un aide ; puis il récite des paroles énergiques, qui font remuer la baguette en dépit des tentatives de l’aide pour la tenir immobile. Il somme l’esprit de déclarer son but, et il le menace de le chasser, tout en lui préparant des offrandes. L’aide qui tient la baguette magique est, à ce moment, violemment repoussé par une force surnaturelle en dehors de la maison, et il entraîne avec lui le funeste visiteur. Alors, un flacon à large goulot est placé sur le plancher de la chambre et sur une bande de papier est inscrit le nom de l’esprit malfaisant que la divination du panesou a pu déterminer exactement. Ce papier, touché par la baguette magique, est mis dans la bouteille ; celle-ci, rapidement bouchée, est portée dans le chemin ou sur le coteau voisin, où on l’enterre. Comme on le voit cette mise en bouteille est assez originale. Mais ces exorcismes durent quelquefois plusieurs jours, et sont accompagnés d’offrandes qui doivent se présenter à des moments déterminés par les rites.

Les offrandes ordonnées par le Gouvernement au printemps et à l’automne, avant les semailles et après la moisson, sont des coutumes de ce culte naturaliste, ce qui montre bien qu’il règne partout, et même dans les classes élevées, auxquelles le confucianisme ne suffit pas. Ces sacrifices sont officiels, et ont lieu partout en Corée, à partir de la tombée du jour. Quelquefois même, ils ont lieu à minuit, mais ils doivent toujours être terminés avant le chant du coq, qui chasse les esprits et détruit les exorcismes. Naturellement, les formules employées par les chamanes n’ont d’effet que dans leur