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tence de la famille est assurée : son enfant est un chamane. Ces aveugles et sorcières constituent deux corporations importantes avec des chefs. Le gouvernement lui-même exerce une surveillance et une haute direction sur ces corporations et les candidats ne sont admis qu’après avoir subi un examen devant la Confrérie.


Panesou. — Comme nous l’avons dit précédemment, les sorciers et géomanciens sont consultés sur le choix d’un emplacement de tombeau, de maison, de palais, même pour les affaires difficiles à conclure et dans les cas de maladie, de naissance, de mariage, etc. Ils exercent leur influence sur les démons au moyen de la magie, de rites spéciaux, d’offrandes de mets et d’un bon salaire. Exorcismes, oracles sont accompagnés de danses, de cris et de tambourins. Comme la clientèle abonde, toujours confiante, il s’ensuit que la profession de sorcier est très lucrative. D’ailleurs, ce n’est pas une sinécure. Pour satisfaire les croyants et les démons, ils ont fort à faire. La fortune et le bonheur d’un Coréen étant au pouvoir des esprits, suivant qu’il se les rendra propices ou non, il est assuré de la prospérité ou du malheur pour lui et les siens. Infortunes, accidents, maladies, incendies, tout enfin, est soumis à la volonté, à l’influence démoniaque.

Voyons comment s’y prend un « panesou » pour expulser le mauvais esprit qui s’est emparé d’un malade. Grâce à quelques coups de sa petite boîte de divination, il reconnaît le caractère et la nature du démon et recherche le moment favorable pour continuer son exorcisme. Il prend ensuite en main une baguette de bois de pin de 50 centimètres de longueur, qu’il remet à un membre de la famille du malade, pour qu’il la tienne verticalement sur une pierre à battre le linge. Il prononce alors des formules magiques jusqu’à ce que la baguette commence à s’agiter et à se soulever au-dessus de la pierre, ce qui indique que le démon est entré en elle. À ce moment, une conversation, ou plutôt un interrogatoire s’engage entre le sorcier et l’esprit pour véri-