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plus reculés, leur crédulité a admis l’existence de démons, d’êtres surnaturels bienfaisants ou malfaisants, des esprits de toute sorte qui circulent autour de lui, qu’il voit partout, dans l’eau, dans l’air, dans les montagnes, dans les maisons. Chaque maladie est le fait d’un démon qu’il faut se rendre propice en lui faisant des offrandes.

Lorsqu’il chemine, le Coréen sait que l’esprit de la route le surveille ; et certainement, sa pensée doit être absorbée, dans tous les instants de sa vie, par le souci de ne pas offenser tel ou tel de ces êtres surnaturels, dont la liste serait interminable si nous voulions la dresser. Au hasard, nous choisirons ceux qui se manifestent le plus souvent, ceux qui ont des fétiches un peu partout.

À chaque instant, on entend résonner le tambourin de la sorcière (moutang) qui vient faire des exorcismes dans une maison où se trouve un malade. C’est alors par un bruit effroyable de tam-tam, et par des offrandes de mets — dont elle profite ensuite — qu’elle chasse le démon de la maladie.

Les panesou sont des aveugles qui prédisent l’avenir et en qui le public a une grande confiance. Ce sont encore les geoscopes, qui choisissent les emplacements des tombeaux. Ces derniers ont décidé, il n’y a pas longtemps, le transfert des restes de la reine Min, le lieu où se trouvait son tombeau n’étant plus favorable. À la Cour de Corée, les geoscopes décident l’emplacement des bâtiments nouveaux à ériger, ou font abandonner tel ou tel travail commencé, sous prétexte que le lieu ou l’époque ne conviennent plus au projet. On comprend aisément leur importance, et avec quel talent les fonctionnaires rusés et habiles utilisent leurs décisions au mieux de leurs intérêts.

Donc, chamanisme, culte naturaliste et grossier fétichisme, telle est la religion de ce petit peuple et des femmes surtout, dont l’imagination est hantée par les exploits de milliers de lutins, qui ne cherchent qu’à leur jouer de vilains tours. « Moutang et panesou » sont religieusement écoutés. Un père qui a un fils aveugle s’en réjouit, car il sait que l’exis-