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arbres, etc., etc., qui sont sacrés aux yeux du Coréen, pour lequel une identification complète existe entre l’esprit et son fétiche.

Voyons à présent ce que sont les esprits de haut rang. Nous avons pour cela eu recours au très intéressant travail du Rev. Jones M. A., publié dans les comptes rendus de la « Royal Asiatic Society, Korean branch », ainsi qu’à celui de M. Maurice Courant sur les cultes coréens.

À tout seigneur tout honneur. Voici O-bang-tchang-goun (tchang-goun signifie le chef du monde, et o-bang les cinq côtés). Cela veut dire les esprits, les généraux des cinq parties du ciel, et ils portent des noms spéciaux correspondant au ciel oriental, méridional, occidental, septentrional et central. Ce sont les principales divinités coréennes qui gouvernent le ciel, celles que les chamanes invoquent pour combattre les démons.

Tan-Koun, le seigneur mythique, sacrifiait au ciel à Kang-Hoa, au sommet du Mari-Sane, à la 10e lune. Les rois du Sin-raï également. Des sangliers et des cerfs étaient sacrifiés au ciel. Partout, et en tout temps, on a sacrifié au ciel, et en temps de guerre pour obtenir la victoire.

Pour M. Courant, ces sacrifices ne sont pas d’origine chinoise, car en Chine ils sont réservés à l’empereur seulement, tandis qu’en Corée ce droit est étendu à tous. Les sacrifices consistent en pâte de riz et en fruits offerts sur les autels en expiation, et pour se rendre favorables ces puissances célestes. Des prières sont récitées dévotement, avec accompagnement de clochettes et pendant que l’encens brûle. Les noms des maîtres du ciel sont écrits sur une bannière placée au-dessus de l’autel. Ce sont les « panesou » qui sont chargés des sacrifices.

Ces o-bang-tchang-goun sont les dieux tutélaires des villages ; ils détournent de ceux-ci les esprits errants et malins qui rôdent aux alentours, dans les vallées. Leurs fétiches sont nombreux et placés par groupes à l’entrée et à la sortie des bourgs, des hameaux, ou à l’entrée d’une vallée. Mais il sem-