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Enfin, aucun animal ne doit être tué, parce que le sang versé ferait gratter et saigner le malade…

Le danger de tuer des animaux pendant la petite vérole a été récemment attesté pendant la maladie du jeune prince. Le Gouvernement a défendu d’abattre nul bétail pendant neuf jours…

Le treizième jour est regardé comme celui où le danger est conjuré. L’esprit se retire alors et la « moutang » préside à son départ, en lui présentant des mets et un petit cheval en bois — confectionné dans ce but — et chargé de menues monnaies et de riz, provisions de voyage du dangereux visiteur, auquel on souhaite un bon retour à sa résidence personnelle.

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Les « moutang » appartiennent à la basse classe de la société. Leur profession est héréditaire. Il paraîtrait qu’elles sont aussi adoratrices de Bouddha, car leur maison renferme des images de ce dieu à côté de celles des démons. Autrefois, elles prédisaient l’avenir en observant les mouvements d’une tortue de mer, sur la carapace de laquelle elles appliquaient un fer chaud, ou en observant, comme les pythonisses de Dodone, les feuilles de certains arbres. Aujourd’hui, leur profession s’est compliquée, ce qui montre que le prestige de ces chamanes n’a pas diminué d’importance. Les filles prennent les leçons de leur mère en les accompagnant. Il y a aussi — comme je l’ai dit précédemment — celles que le démon possède soudain, et qui, par ce fait, sont désignées pour ce métier. Pendant le temps de leur maladie, ces possédées rêvent de dragons, d’arcs-en-ciel, de pêchers en fleurs ou d’un homme d’armes subitement transformé en animal ; elles profèrent des paroles grossières, voient beaucoup de choses curieuses, et menacent de mort tous les gens de la maison, si on ne leur permet pas de se livrer à la pratique des exorcismes. Il en est même dont l’imagination est tellement