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Song-To, j’ai eu la bonne fortune de rencontrer une série importante de « Koïndol » à Sune-Sane-Hi, à 10 lis de Pong-Sane, sur la route de Song-To à Pyeung-Hiang. Ils se présentent comme un véritable cimetière, au nombre de vingt-deux, répandus sans ordre dans un champ, au pied d’une petite colline sur la rive gauche et au bord de la rivière Syen-Nai. De dimensions moyennes, ces dolmens offrent entre eux beaucoup de ressemblance. Ils sont construits en dalles de schiste (toute la région est schisteuse) et se composent d’une dalle supérieure portée par deux dalles latérales seulement. Ils sont donc ouverts aux extrémités. Mais ils offrent cette particularité d’avoir leur sol recouvert d’une dalle, et celle-ci résonne comme si elle était posée sur une cavité. J’ai mesuré un des plus remarquables de ces monuments, placé un peu en avant des autres. La chambre mesure 1 m. 40 de hauteur, 1 mètre de largeur et 3 m. 50 de longueur. Les parois latérales sont d’énormes bancs schisteux. La dalle supérieure — très épaisse, en général — ne déborde que faiblement les parois latérales. L’orientation de ce dolmen est à peu près sud-nord. Le peu de temps dont je disposais ne m’a pas permis de faire des fouilles. J’ai appris qu’il y a en plein village de Itchym, dans le Kan-Oueun-To, deux cents de ces monuments.

ETHNOGRAPHIE.

Religion et superstition. — Je me propose de développer dans un travail de longue haleine cette question de la religion et de la superstition en Corée, telles qu’elles se présentent encore au seuil du XXe siècle. Ce n’est pas un des moindres étonnements du visiteur européen que celui de trouver, à l’intérieur des villes muraillées endormies depuis des siècles, et après un passé artistique qui ne fut pas sans prestige, une population en proie aux devins et aux sorciers. En dehors du culte des morts, toutes les croyances du Coréen, du haut en bas de l’échelle sociale, vont aux forces de la nature et aux esprits qui personnifient ces forces. Bien que le bouddhisme et le confucianisme aient été tour à tour les religions officielles de la Corée, ils ne furent jamais compris que d’une élite très restreinte de lettrés, et, seul, le culte naturaliste est resté le plus vivace et a donné lieu aux plus étonnantes superstitions. Par ce fait, les Coréens n’ont pas de religion nationale proprement dite.