dans un seul tableau, ses vieux parents exposés à une longue suite de tortures qu’elle pouvait leur épargner ; Jacques, dont le retour était désormais impossible et d’ailleurs inutile, traîné dans les fers, élevant vers elle ses bras enchaînés ; ses compatriotes la regardant passer avec un Anglais, rougissant d’elle dans leurs angoisses ; et sa mère, toujours sa mère, l’accusant de faire le malheur des siens… Enfin, faisant un effort pour chasser ces images, elle se retourna du côté de l’officier :
— Monsieur George, dit-elle, vous êtes un cœur noble et généreux ! Pardonnez-moi les aveugles accusations que le délire m’a dictées ; je vous rends toute mon estime… Quant à ma main, vous l’avez plus que méritée par votre dévouement ; mais je ne puis pas en disposer sans le consentement de mes parents ; puisque leur sort dépend de ma décision, j’attendrai qu’ils me la dictent. — Et Marie tendit sa main avec confiance au lieutenant, qui, dans le premier abandon de son bonheur, la porta jusqu’à ses lèvres ; mais la jeune fille la lui retira violemment : sa vue venait de se fixer sur quelqu’un qui accourait devant elle, et elle s’écria toute éperdue, en étendant les bras : — Jacques ! mon pauvre Jacques !…