ment et de séjourner plus longtemps dans cette province ; or voici une frégate qui part pour Boston : je vais vous faire donner une commission de capitaine dans un régiment incomplet qui retourne en garnison dans cette ville avec une mission spéciale pour le gouverneur du Massachusetts… Acceptez-vous ?
Sous ces circonstances, un voyage dans la Nouvelle-Angleterre n’était pas antipathique au lieutenant… il remercia le colonel avec reconnaissance, et partit peu d’heures après pour la métropole de cette province.
Allez ! maintenant, vils instruments d’une politique barbare, allez distribuer sur tous les rivages de l’Amérique cette moisson de la tyrannie, cette semence du malheur ! Allez cacher dans les forêts vierges, sur des grèves sans échos, au milieu de solitudes sans chemins, sur des flots qui coulent vers d’autres hémisphères, ces tristes victimes, vous flattant de l’espoir que leurs voix resteront muettes ; que leurs pas ne retrouveront jamais le chemin de la patrie ; que leurs récits n’arriveront jamais aux oreilles des peuples civilisés, à des cœurs sensibles ; que Dieu et le monde les laisseront éternellement sans justice, et que vous continuerez, vous, votre règne sans anathèmes et sans châtiments !… Non, tous les enfants de ces mères aux entrailles fécondes ne seront pas étouffés sur la terre de l’exil ; il survivra des cœurs conçus dans ces seins désolés, trempés dans les larmes de la nation, pétris dans le creuset de la souffrance, bercés aux chants de leurs malheurs, aux cris de leurs angoisses, aux tressaillements de leurs poitrines épuisées, pour vous jeter au-delà des âges la clameur vengeresse de l’histoire. Lawrence, Boscawen, Moystyn, Winslow, Murray, quoique fassent vos panégyristes, allez ! cette clameur, elle tombera sur votre mémoire et descendra jusque sur les ossements de vos tombes menteuses !