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AVERTISSEMENT

voisins des tems, dont ils parlent. Le Traducteur en traduisant Aimoin et les autres Auteurs n’a eu d’autre raison, ni d’autre intention que de suivre les Chroniques Latines qu’il avoit devant les yeux, et que de les traduire comme il les trouvoit. En effet dans les Chroniques Latines on n’a pas suivi le IV. Livre d’Aimoin ; on s’est contenté d’en conserver quelques Chapitres, qu’on a inserés, et même assez mal, dans les Gestes de Dagobert, que l’on donne en entier. C’est aussi ce que le Traducteur a observé. Ainsi on ne doit pas être en peine de savoir pourquoi l’on a traduit en François la Chronique fabuleuse de l’Archevêque Turpin, ni pourquoi l’on a omis l’Histoire composée par Glaber : la raison en est très-claire ; c’est que le Traducteur a trouvé l’une dans les Chroniques Latines, et qu’il n’y a pas trouvé l’autre. Toutes les questions qu’on pourroit agiter à ce sujet, regarderoient le Compilateur des Chroniques Latines, et non pas le Traducteur, qui ne s’est proposé que de suivre son original Latin. Le manuscrit de la Bibliotheque du Roi, que j’ai cité ci-dessus page 20, et sur lequel j’ai collationné Aimoin, du moins pour les trois premiers Livres, renferme ces Chroniques Latines de S. Denis depuis le commencement de la Monarchie jusqu’à la mort de Philippe le Hardi.

Ces Chroniques contiennent donc pour la premiere race l’Histoire d’Aimoin, qui ne va que jusqu’à la XVI. année du regne de Clovis II (653. de J. C.) les Gestes de Dagobert, les Gestes des Rois de France, le troisiéme Continuateur de Fredegaire et quelques autres Auteurs.

Elles renferment pour la seconde race le quatriéme Continuateur de Fredegaire, les Annales d’Eginhard depuis 769. jusqu’en 813. la Vie de Charlemagne par ce même Historien, la Chronique de Turpin sur l’expédition de cet Empereur en Espagne contre les Sarrazins, la Vie de Louis le Debonnaire par l’Auteur anonyme, qui lui étoit attaché à titre d’Astronome. A l’égard des tems qui suivent jusqu’à Louis le Gros, ce sont différentes Piéces, dont on a fait fort mal à propos le cinquiéme Livre d’Aimoin. Quand nous imprimerons cette partie des Chroniques, nous aurons soin de marquer d’où ont été pris ces differens morceaux d’Histoire, et de les restituer à leurs véritables Auteurs.

Nous avons dans nos Chroniques pour la troisiéme race, outre les petites Pieces, dont nous venons de parler, les Ouvrages suivans : la Vie de Louis le Gros par Suger ; les Gestes de Louis VII, que Mr de Sainte-Palaye attribue au même Auteur ; une partie de l’Ouvrage intitulé, Histoire de Louis VII. l’Histoire de Philippe Auguste par Rigord, continuée par Guillaume le Breton ; les Gestes de Louis VIII. dont le même Guillaume est peut-être Auteur ; les Vies de S. Louis et de son fils Philippe le Hardi par Guillaume de Nangis ; la Chronique du même depuis l’an 1285. jusqu’en 1300. et sa première continuation depuis 1301. jusqu’en 1340. On ne sait si ce que nous trouvons dans nos Chroniques depuis 1340. jusqu’en 1380.a été traduit sur le Latin, ou si c’est l’ouvrage d’un ou de plusieurs Auteurs originaux qui ont écrit en François. Comme le Moine anonyme de S. Denis, qui a écrit en Latin la Vie de Charles VI, dit en termes formels qu’il avoit composé celle de Charles V. et qu’il donne à entendre qu’il avoit aussi fait celle du Roi Jean, (deux Ouvrages qui sont perdus), il y a grande apparence que ce que nous avons, du moins depuis 1350. jusqu’en 1380. aura été traduit sur l’original Latin de ce Moine.

Les manuscrits de nos Chroniques ne vont pas plus loin que cette année 1380. La premiere édition faite par Pasquier Bonhomme en 1476. en 3. Vol. in-fol. y ajoute les Vies de Charles VI. et de Charles VII. La seconde faite en 1493.