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PRÉFACE.

collection le plan général nous en/ paraît fort sage il n est, à nos yeux susceptible d’aucune modification grave.


• Parmi les nombreux recueils d’annales, publiés en divers pays de l’Europe il en est qui n’offrent guère que des séries de livres <ou d’opuscules copiéssur d’anciennes éditions. A l’égard même de la France, les recueils d’historiens, mis au jour par Pierre Pithou en 1 588/ et 1 5g6, par André et François Duchesne au ivn’ siècle, n’étaient encore que de simples essais qui seulement donnaient l’idée d’une collection phis vaste et plus méthodique. On songea dès le temps de Colbert à s’occuper de ce travail ; mais le plan n’en fut tracé qu’en 1717 dans des conférences présidées par d’Aguesseau. L’exécution en ayant été confiée, en 1 73 1 aux Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur, ils ont jusqu’en 1 789 et même jusqu’en 1 837, rempli seuls cette tâche avec tout le zèle et toute l’habileté nécessaires pour en assurer de plus en plus le succès. Il ne leur a pas suffi, comme à tant d’autres éditeurs, de transcrire des chroniques et des relations diverses, sans rectifier ou éclaircir ce qu’elles pouvaient contenir d’incorrect, d’inexact, d’incohérent ou. d’obscur ils out réuni, comparé, vérifié tous les textes originaux, soit déjà connus, soit inédits, ea y joignant tout ce qu’il fallait de dissertations, de notices, de notes critiques et grammaticales, de tables géographiques, chronologiques, historiques ,-pour les expliquer et en rendre la lecture aussi facile que profitable. Tel a été le travail de dom Bouquet, de ses premiers successeurs ; et, durant un demi-siècle de notre savant confrère Brial, celui de tous, à ce qu’il nous semble, qui s’est prescrit l’exactitude la plus scrupuleuse. On ne peut donc pas être tenté d’altérer par des changements essentiels le plan général d’une collection qui a maintenant dix-neuf volumes, et qui, depuis près de cent ans, jouit en Europe d’une telle estime, que plusieurs savants étrangers lui décernent encore aujourd’hui le premier rang parmi les meilleures du même genre. Mais il serait possible que par rapport à quelques dispositions particulières, il restât des difficultés à prévoir et certaines questions à résoudre.

La plus grave de ces questions et la plus digne de l’attention de l’Académie est celle qui concerne les historiens des croisades, qui tous, ou presque tous, ont été jusqu’à présent exclus du Recueil des monuments de nos Annales. On n’y rencontre aucune partie, aucun extrait des récits de ces expéditions, composés dès le xi* siècle par Raimond d’Agiles ; au xh’ par Raoul de Caen, Albert d’Aix, Robert le moine, Gautier le chancelier, Guillaume de Tyr ; après fan 1200, par Bernard le trésorier et par Jacques de Vitry ; à diverses époques par plusieurs autres écrivains européens et par un plus grand nombre d orientaux. Ces omissions avaient pour cause le projet formé par les Bénédictins de réunir tous les historiens des croisades dans une collection spéciale qui devait remplacer celle que Bongars a intitulée Gesta Dei per Francos. Ils ne voulaient pas qu’on pût leur reprocher de reproduire les mêmes textes dans deux recueils qu’ils se proposaient de publier presque en même temps. Plus d’une fois ils ont porté le scrupule jusqu’à retrancher de certaines chroniques générales les pages ou les lignes qui ne concernaient que les expéditions à la Terre-Sainte ; mais l’enchaînement naturel des faits les a forcés de conserver plusieurs passages de cette espèce il s’en rencontre surtout dans leur tome XII. Brial n’en a inséré aucun dans le XIV* dont il a été le seul éditeur, et ri en a placé qu’un assez petit nombre dans les deux volumes suivants. Voyant enfin que la collection spéciale, annoncée depuis uu demi-