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Dans les récits qui remplissent les dix volumes précédents, on a vu les rois de la troisième race, en présence des grands vassaux qui voulaient se dérober aux services et à l’obéissance légitimes, et qui dénièrent même longtemps à la royauté ses prérogatives et ses droits, livrer des combats périlleux et continuels ils en sortirent enfin victorieux et souverains. La force s’accrut peu à peu par la sagesse et la persévérance ; et le droit, appuyé sur la force. essaya de dompter les rebelles jusqu’au règne de Philippe-Auguste, qui, profitant de l’occasion offerte par le crime d’un prince anglais, fit prononcer à son profit. la confiscation de plusieurs provinces, et mit la sentence à exécution, sans laisser à l’ennemi le temps de se reconnattre. Dès lors la puissance royale, fondée sur de vastes domaines, étendit son mfluence par les lois, fit prévaloir ses lois par les armes. Mais ces brillants succès n’auraient peut-être pas amené des résultats si prompts, si complets, on peut le croire sans les qualités éminentes de saint Louis. C’est lui dont la justice, le désintéressement, la vertu parfaite, imprimèrent profondément dans tous les cœurs le respect de la royauté ; c’est lui qui, par l’établissement d’un nouveau système judiciaire plus équitable et plus sensé dans ses propres domaines, en invitant par l’ascendant de la raison les bourgeois, les arrière-vassaux à venir y chercher un recours et se déclarant ainsi le protecteur et le garant de la paix publique et des droits de chacun, aplanit la route au génie audacieux, rusé, opiniâtre, de Philippe IV. Malheur à qui osa, soit au dehors, soit dans l’intérieur, provoquer 1* colère du petit-fils de saint Louis, par une agression, par une révolte, ou même par une grandeur suspecte il étendit sur tous ses ennemis une main puissante, trop souvent violente et avare, il faut l’avouer. et il sut réduire également les laiques et le clergé, les plus fiers vassaux et les plus humbles sujets sous l’empire de la monarchie.

Ici avec un nouvel ordre de choses, s’ouvre une série nouvelle d’écrivains que nous sommes chargés de disposer et de reproduire. Dans le XIX. volume déjà en voie d’exécution et très-avancé, lorsque nous vînmes à y mettre la main, nous achevions seulement le travail d’un autre. Maintenant commence notre ouvrage nous devons d’abord en faire connaître au lecteur le plan la méthode, les limites. Il nous a donc paru convenable et même nécessaire de placer, dès l’entrée, bous ses yeux le rapport que nous fîmes à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, lorsqu’on eut à délibérer sur cette question, rapport auquel elle a donné son approbation définitive. • L’Académie en nous chargeant d’achever l’édition du XIX* tome des Historiens de France, nous a prescrit de lui présenter, au moment de la publication de ce volume, un rapport sur la méthode à suivre dans la composition des suivants. Nous venons remplir ce devoir, que nous rendra moins S difficile l’idée que nous avons conçue du mérite éminent de cette grande PRÉFACE.