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r VI PRÉFACE.

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siècle ne s’entreprenait point encore au moment où il entamait la série de ;, monuments historiques relatifs aux règnes de Philippe Auguste et de Louis VIII. il s’est déterminé, pour ne pas la laisser trop incomplète à y faire entrer, non-seulement ce que Rigord et d’autres chroniqueurs généraux ont raconté des guerres de l’Orient mais aussi les relations tout entières de Ville-llardouin et de son continuateur, quoiqu’elles parussent n’avoir pas d’autre objet que celui-là. Observons néanmoins que les événements exposes dans ces deux livres tendent par leur propre nature à se détacher de l’histoire des croisades proprement dites ; car les conquérants de Constantinople en 12«3, bien que croisés pour la délivrance des lieux saints, ne prenaient à peu près aucune part aux guerres contre les musulmans. Nous croyons avoir droit de regarder comme encore plus étrangère à ces guerres lointaines celle qui, dans les premières années du xin* siècle, s’alluma au sein des contrées méridionales de la France contre la secte des Albigeois, et dont les piincipales relations, rédigées par Pierre de Vaux-Sernay, par Guillaume de PuyLaurent par un anonyme qui a écrit en langue provençale, remplissent une grande partie du tome XIX que nous allons bientôt présenter à l’Académie. A la vérité l’on appliquait à ces funestes expéditions le nom de croisades, qui, à cette époque, semblait propre à les recommander ; mais il est impossible de ne pas reconnaître aujourd’hui que c’étaient là des entreprises essentiellement différentes de celles qui entraînaient des armées chrétiennes en Asie et en frique. Ainsi nous n’avons pas craint de dire que l’histoire entière des véritables croisades a été jusqu’ici écarléc du recueil commencé par dom Bouquet. Faut-il continuer de l’en exclure ? c’est la première question que l’Académie est invitée à décider.

̃ Ce fut. selon M. Michaud, une idée bizarre que de retrancher de nos annales ces ,/uerres saintes qui en sont un/grand épisode Ou’il nous soit permis de réclamer contre un jugement si sévère." Les croisades ne sont pas seulement ur èpisoilr tir l’histoire de France elles appartiennent u celle de l’Europe presque ent.e.e et de plusieurs contrées orientales elles sont précisément ce que nous connaissons de plus général dans les destinées et tes mœurs des nations depuis l’an i 09. r> jusqu’en ra 70. Le lableau de ces yuc-res saintes prend déjà < elle étendue dans les chroniques et les pièces que Bongars a rassemblées en. îGvi il devient plus vaste encore dans celles qui n on ! pu être étudiées que durant les deux siècles suivants, et dont MM. Michaud cl Rt-inaml ont donné des analyses fort instructives. Voilà sans doute pourquoi le recueil des historiens de ces expéditions était envisagé par les Bénédictins comme devant être distinct de celui des monuments de notre histoire nationale, dont en effet il dépasserait à chaque instant les limites. Introduire les deux tomes de Bongars et leurs plus volumineux suppléments dans la collection de Bouquet, c’eût été la surcharger, l’encombrer d’articles et de détails tout à fait étrangers à la matière que son titre annonce Scnptores rerum G,illtcar#m et Francicarum. On aurait pu sans doute se borner à extraire de ces histoires des croisades ce qui concernait particulièrement la r>an’"fi mais outre que le triage n’en eût pas toujours été exempt d’embarras et de difficultés, on avait lieu de craindre que des éditions si tronquées, si défectueuses de tant de livres, soit déjà imprimés en entier, soit destinés à l’être un jour, n’obtinssent pas un très-grand succès. Ces considérations peuvent au moins servir d’excuse à la résolution prise par les Bénédictins de publier deux recueils distincts, et d’y éviter, autant que possible, les doubles emplois. Loin de trouver là aucune sorte de bizarrerie nous ne savons pas si ce n’est point encore aujourd’hui le meilleur parti à prendre.