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PRÆFATIO.

lippiSuevi inlmperatorem electione tredecim numerabit epistolas, in quibut Othonis, sicvti jam innuimut, partes suscipiuntur. Alia lileræ occurrunt bona Guillelmo Pessulano, Richàrdo Anglorum Regi, restitui jubentes. Hic pontifex initum Frartciam inter et Angliam fadus reprehendit, quo jura Rothomagensit antistitis Icesa fuisse declarat : illic Joanni-sine-lerra gravissimas censuras minitatur, nisi quibus ecclesias, Lemovicensem pnesertim episcopum, affecit, injurias redimere properet.

Tot inter politica decreta, rari apparent sermones ad excolendos mores apti, vitia compressuri, pravas emendaturi consuetudines. -Vix ulla nobis hujusmodi exempla suppetunt, pneler duoepistolia quibus usura mali• definitur, savé reprobantur ; unum insuper quo vetantur usitata Francis impia verba ; alterum quo hastiludia ita prohibentur, ut qui ea frequentaverunt, pecunid sintin posterum mulctandi. Si quid praterea publicas ad scholas attinet, nullas fermé alias pontifex ob oculos habet quàmquœ religiosa documenta tradunt : octo tantum Parisiis theologiiF professores sinit retineri. Sic igitur in hac rescriptorum su/iellectile intermiscentur ’universa istius trri negotia, lena vel gravia, ecclesiastica vel civilia, personarum locorumve, privati vel publici ordinis. Qui maximis incumbit, curat simul de minimis Innocentius. M usquam forte contigit ut universa im/ierii absoluti summa unius ad arbitrium veniis pleniiisque revocaretur. Mon enim solam tot rerum moderationem insperlionemvesupremamsibi Romanus/wntifcx vindicat : cunctas proprid, quantum potest, tractare manu conatur, seu legatis ordinari isexlraordinariisvejussacommittat singulis in locis exsequenda,aut etiam instituendus quastiones de quibus ad ipsum referant ; seu ad se in jus vocet quos suir potestati obnoxias constituerit. Politica omnia humatur societatis jura in hoc confusa supremo pontificatu permiscentur, leges cotidente tum religiosas tum civiles, res cunctas administrante ecclesiasticas, regente publicas ; singulis, prout libet, inlerveniente concertationibus, quotquot abepiscopisprincipibusve intra coenobia aut privatas domos, dueresct aut regna, agitari coeperunt ; sacras tanquam censuras, savissima et immania, si qua sint, judicia prorunciante. Scribenti Innocentio nullo discrimine habentur partum Romana sedi, proprio titulo dominium, et prolatum in alias latè regiones im/ierium ; imd etiam vetus evanescit distinctio inter potestates duas que^ nomine , hac spiritalis illa temporalis , toto neto distare videbantur. Jam priorem cernas /icnes unum antistitem factam, primatu in dominatum magis ac magis verso : summam ille qud eminet dignitatem exhibet tanquam episcopalùs et sacerdotii cujuscumque fontem ; suum usu fecit omnes instituere ac regere chrisliatur gentis pasto-C’est, comate nous l’avons dit, pour Otboo qu’il se déclare. En d’autres lettres, il prescrit des restitutions à taire à Guillaume de Montpellier, è Richard Roi d’Angleterre. Tantôt il réclamé contre un traité entre u Grande-Bretagne et la France, par lequel les droits de l’arebevèque de Rouen lui semblent compromis. Tantôt Jean-sans-terre est menacé des plus graves censures, s’il ne remplit ses engagemens avec la femme de son frère, et surtout s’il ne se hâte de réparer les dommages causés par lui aux églises, et particulièrement k l’évêque de Limoges.

Au milieu de tant de décrets politiques, il lie se rencontrera qu’un assez petit nombre de décisions ou de préceptes ayant pour objet l’ordre moral de la société, la répression des délits, la réforme des usages vicieux. Nous n’en pourrions guère citer pour exemples que deux lettres contre l’usure, qui d’ailleurs n’y est point définie d’une manière précise ; une contre les jurements usités en France ; une aussi où le pontife réprouve les tournois, et veut qu’on fasse pyer une amende à ceux qui les fréquentent. Quelquefois il s’occupe des écoles publiques, mais presque exclusivement de l’instruction religieuse : il réduit à huit le nombre des professeurs de théologie à Paris.

(Test ainsi que s’entremêlent dans la correspondance d’innocent 111 toutes les a Ha ires de ses contemporains, |>elites ou grandes, ecclésiastiques ou civiles, prsonnelles on locales, privées ou publiques. En s’emprant des plus graves, il ne dédaigne ps les plus légères. Jamais peut-être il n’y a eu de centralisation aussi réelle et aussi absolue : car ce n’est ps seulement la direction générale et la haute surveillance de tant d’intérêts que s’attribue le pontife ; il entend les régler luiméme le plus immédiatement qu’il put, soit qu’il charge ses délégués ordinaires ou extraordinaires d’exécuter en chaque lieu ses ôrdres suprêmes, ou bien d’v faire des enquêtes dont ils lui soumettront les résultats ; soit qu’il cite à son propre tribunal les prsonnages dont il s’est constitué le juge. Tous les pouvoirs de la société se confondent dans ce pntifical souverain, qui fait des lois religieuses et civiles, qui administre toutes les églises et qui régit tous les e.als ; qui intervient, quand il lui plaît, dans toutes les contestations des monastères et des familles, des évêques et des princes, des diocèses et des empires , qui prononce enfin, sous le nom de censures, les plus redoutables arrêts. I j correspondance d’innocent 111 ne laisse apreevoir presque aucune distinction entre l’autorité qu’il exerce dans les domaines acquis au Saint-Siège et celle qu’il s’attribue sur les autres territoires, ni mêmeentre les deux puissances auxquelles les dénominations de spirituelle et de temprelle semblaient assigner de si diflérens caractères. On voit la première de ces puissances se concentrer de plus en plus dans le pntife romain, dont la primauté s’est transformée’ en domination : il considère son éminente dignité comme la source de tout épiscopt, de tout sacerdoce ; il s’est mis en possession d’établir et de gouverner tous les psteurs du puple chrétien ; et, quoiqu’il les applle encore ses frères, ils ne sont plus à ses yeux que ses ministres et ses