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PRÆFATIO.

ils, est d’arracher à un homme pervers et à un Ministre d'Etat inepte le mas- que imposant avec lequel il a jusqu'ici fait illusion au public. Ils rejettent en conséquence Pautorité de Guil- Jaume son panégyriste, et comptent pour rien de même les témoignages des contemporains qui viennent à l’ap- pui de son récit, ou plutôt ils les dis- simulent adroitement, pour ne pas dire malignement. Il est à propos d’en mettre du moins les principaux sous les yeux de nos lecteurs. Saint Bernard,

dont Suger avoit osé quelquefois com-"

battre les avis dans le Conseil, ne laisse pas nanmoins de faire de lui cet éloge magnifique en écrivant au Pape Eugene IL: Si notre Eglise Gallicane, dit-il, possede quelque vase précieux qui fasse l'ornement de la grande maison du Roi par excellence, s'il est encore un David Sfidele, prét à exécuter en tout point les vo- lontés de son maître, c'est, selon moi, le vé- nérable Abbé de S. Denys. Je éonnois à fond ce personnage , et je suis en état d'at- tester que sa fidélité et sa prudence dans le maniment des affaires temporelles, égale sa ferveur et son humilité dans les choses spi= rituelles, et que de part et d'autre sa con- duite estirrépréhensible. Devant César, c'est un homme de la Cour Romaine; devant Dieu, c'est un homme de la Cour céleste. Robert, Evêque d'Héreford, donne les mêmes éloges à Suger dans une let- tre qu’il lui écrivit. La prudence et la sagesse qu'on admire en vous, lui dit-il, est telle , qu'en toute affaire où l'on se conduit par vos conseils , la marche est plus cir- © conspecte et le succès plus facile, A Pégard de la religion, Pexemple de vos vertus jette une lumiere qui frappe les yeux, et excite Pesprit, en l'éclairant, à les imiter. Mais ceci est peu de chose en comparaison de ce que témoigne Joséel , Evêque de Salisberi.. Frappé des merveilles qu’il entendoit raconter de Suger, il vou- lut vérifier par ses yeux ce que la re- nommée en publioit. Ce fut dans cette intention qu'il passa la mer pour venir en France. La lettre qu’à son retour il Tome XII.

ax dè Guillelmi præconis ejns respuunt, neque consentanea huic de Sugerio testimonia curant æqualium , imd callidè, ne dicam improbè , dissi- mulant, Insigniora hic attexere ju- vat. Bernardus, quamvis Sugerium in Consiliis adversarium identidem expertus, de ipso tamen his verbis , quibus honorificentids nihil excogi- tari potest, Eugenio 111 PP. scri- bere non dubitavit : Si quod ma- gnæ domûs magni Regis vas in honore habetur apud nostram Ecclesiam Gallicanam , si quis ut David fidelis ad imperium Domini ingrediens et egrediens ; meo judicio est venerabilis Ab- bas S. Dionysü. Novi siquidem virum quèd in temporalibus fi- delis et prudens, et in spiritua- libus fervens et humilis, et in utrisque ( quod est difficilli- mum ) sine reprehensione ver- setur. Apud Cæsarem est tan- quam unus de Curia Romana, apud Deum tanquam unus de Curia cœli. Bernardo concinens Robertus Herfordiensis Episcopus , Sugerium, datis ad eu litteris , eo- dem ornat encomio. Si sapientia ,

‘inquit, si providentia quæritur ,

in Sugerio tanta reperitur, ut quæcumque negotia vestro ni- tuntur consilio, cautiùs proce- dant et succedant facilids. Si ad religionem recurritur , de spe- culo vitæ vestræ relucet et quod foris luceat, et quod intùs expe- diat. He ille : sed longè præstat Joseeli Saresbiriensis Episcopi testi monium, Sugeri famê is impulsus ultrè mare trajecit ejus invisendi causé, atque oculis ea comprobandi quæ de illo crebris sermonibus ad aures suas personabant. Quem verd fructum retulerit ex itinere signift- cat ipse in epistola post reditum suum ad Sugerium scripta. Opinio- ais vestræ odor, énquit, quæ circumquaque diffunditur, nos c

Epist. 309.

Apad |

rera Franc.

IV. p.500. int. 26.