Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES RUES DE TARIS. — Je suis le soldat du Christ, dit-il, de Jésus, Seigueur et Sauveur, qui par amour pour nous s’est fait liomme ! Mort parce que lui-même l’a voulu de la main des impies, et ressuscité le troisième jour par la toute puissance de sa vertu divine, il est remonté au ciel où il règne et régnera éternellement. Lui seul est Dieu, lui seul mérite nos adorations et nos hommages ! Maximien, plein de colère, ordonne que le brave soldat S(jit à l’instant dépouillé de ses vêtements et qu’on lui ôte ses armes. Après cette espèce de dégradation, le légionnaire, les mains liées derrière le dos, devra être promené par toute la ville pour y être livré aux risées et aux insultes de la populace. Mais Victor, le front serein, souriait aux insulteurs dont plusieurs aux outrages joignaient les coups, et s’applaudissait de souffrir pour Jésus-Christ. Après qu’il eût été ainsi quelque temps le jouet de cette sauvage multitude, le Martyr, souillé de boue et de crachats, tout déchiré et tout sanglant, est ramené au tribunal du préfet militaire. Là de nouveau on le presse de sacrifier aux idoles : « Après avoir appris par une première expérience, lui dit le président, ce qu’il en coûte de désobéir en oubliant ce que tu dois à César et à la République, oseras-tu bien t’obstiner encore ? Seras-tu assez aveugle pour dédaigner la faveur des Dieux et celle de notre invincible prince, assez insensé pour sacrifier toutes les joies du monde, la gloire, l’honneur et la vie même qui est d’un si grand prix, à je ne sais quel Jésus, obscur malfaiteur que les Juifs eux-mêmes, ses compatriotes, ont crucifié ? Voudras-tu de gaité de cœur attirer sur toi

SAIM